HISTOIRE DES CALENDRIERS

 

 

Le samedi 1er janvier de l'an 2000 dans notre calendrier grégorien était aussi le :

23 tebeth de l'an 5760 (ère hébraïque de la création)
25 margasira de l'an 2056 (ère védique lunaire des Hindous)
19 décembre de l'an 1999 (calendrier julien)
22 takhsas de l'an 1992 (ère alexandrine des moines éthiopiens)
11 pausa (ou dhanv) de l'an 1921 (de l'ère saka des Indiens adoptée en 1957)
22 keihak de l'an 1716 (ère de Dioclétien ou des Martyrs, des coptes)
24 ramadan de l'an 1420 de l'Hégire (ère musulmane)
11 dey de l'an 1378 (ère de la Perse ancienne)
Primidi de la deuxième décade (jour de la poix), nivôse de l'an 208 (ère des Français)...

Ainsi, l'an 2000 et le changement de millénaire n'ont de sens que dans le calendrier dit "grégorien", qui est aujourd'hui d'un usage universel, mais qui résulte d'une longue histoire. C'est cette histoire que j'essaye de raconter ici, depuis la naissance du calendrier jusqu'à la dernière réforme appliquée en France.

Introduction
Le calendrier chaldéen
Le calendrier hébreu
Le calendrier égyptien
Le calendrier copte
le calendrier indien
Le calendrier grec
Le calendrier musulman
Le calendrier israélite
Le calendrier romain primitif
Le calendrier julien
Le calendrier grégorien 
Le calendrier républicain

 

Introduction

On lit dans la Genèse que le soleil et la lune ont été créés pour éclairer les hommes mais aussi pour rythmer leur vie. Très tôt en effet pasteurs et agriculteurs ont appréhendé le temps grâce aux alternances naturelles : le jour, les phases de la lune, et l'année solaire plus difficile à évaluer (par le retour des saisons, l'ombre d'un bâton ou la position des étoiles). L'année solaire ne coïncidant pas avec un nombre exact de lunaisons, diverses solutions ont été adoptées pour résoudre les divergences entre ces unités de temps.

Pour obtenir un calendrier utilisable, il faut opérer un choix entre la reproduction du mois lunaire ou celle de l'année solaire. On appelle calendrier lunaire un calendrier basé sur la concordance avec le cycle de la Lune; le calendrier solaire est un calendrier basé sur le cycle solaire, donc en concordance avec les saisons. On dit d'un calendrier qu'il est luni-solaire s'il essaie de concilier les deux.

Les calendriers anciens reflètent les tâtonnements pour arriver à prévoir les phénomènes liés soit au Soleil, soit à la Lune, mais ils sont aussi fortement marqués par la vie économique, politique ou religieuse.

A cause de la révolution de la Terre autour du Soleil, on voit au cours de l'année différentes parties du ciel à chaque heure de la nuit; par ailleurs, le mouvement de rotation propre de la Terre fait aussi varier le ciel visible au long de la nuit. Du fait de l'inclinaison de l'axe de la Terre par rapport à la normale au plan de l'écliptique, certaines étoiles et constellations sont visibles tout au long de l'année: ce sont les constellations circumpolaires (Petite Ourse, Grande Ourse, par exemple, sous nos latitudes). Les autres restent invisibles la nuit pendant une certaine période de l'année. Cela se comprend aisément pour celles de la zone zodiacale: à un moment de l'année, le Soleil est « vu » dans la direction d'une des constellations dans lesquelles passe l'écliptique : les étoiles sont au-dessus de l'horizon en même temps que le Soleil, et donc pendant le jour où on ne peut les voir. A mesure que la Terre poursuit sa révolution, le Soleil, sur le fond du ciel, semble quitter la constellation et se déplacer vers la constellation suivante à l'est; on recommence alors à pouvoir observer les étoiles les plus brillantes de la première, un peu avant le lever du Soleil. On parle du lever héliaque d'une étoile ou d'une constellation quand celle‑ci réapparaît au lever du Soleil.

Un tel lever héliaque d'une étoile donnée se produit quand le Soleil se retrouve exactement à la même position (sur une période assez courte) sur l'écliptique. Il constitue donc un moyen de repérer les saisons. Sur des périodes de temps assez longues, la précession des équinoxes opère un glissement de ce lever héliaque par rapport aux saisons: le lever héliaque de Sirius, qui était utilisé par les Égyptiens parce qu'il coïncidait avec le début de la crue du Nil au solstice d'été, au cinquième millénaire avant notre ère, a lieu maintenant au début du mois d'août.

Le calendrier chaldéen

Le calendrier chaldéen comportait 12 mois de 29 et 30 jours alternés soit un total de 354 j, d'où un retard par rapport à
l'année des saisons de 11,25 jours par an. Pour compenser ce retard, le souverain ajoutait, environ tous les 3 ans, un mois à l'année: pour se repérer, il rattachait à chaque mois le lever héliaque de 2 ou 3 étoiles; le mois était ajouté lorsque le décalage était nettement constaté. Cette opération fut faite un peu irrégulièrement, ce qui rend la chronologie difficile à remonter. On décidait du début du mois par l'observation du fin croissant qui suit la Nouvelle Lune, observé au coucher du Soleil.

 

Le calendrier hébreu

Le calendrier hébreu est très voisin du calendrier chaldéen: le redoublement du mois d'Adar était décidé par les prêtres en liaison avec le rituel de la Pâque. Le 14 Nisan, Jour de Pleine Lune, on immolait l'agneau pascal; le 16 Nisan, on offrait les prémices de la moisson d'orge; 50 jours après, c'était la Pentecôte et l'on offrait deux pains de froment nouveau. Si l'orge n'était pas mûr à temps, les prêtres redoublaient le mois d'Adar.

Pour les Hébreux, la semaine débutait par Sabbat, jour de repos, qui commençait le vendredi soir car le jour débutait au coucher du Soleil. Or, il ne pouvait y avoir deux jours de fête consécutifs: l'année ne pouvait commencer, avec le ler Tisri en automne, ni un vendredi, ni un dimanche, ni un mercredi, à cause des répercussions dans l'année. On reculait alors d'un jour le 1er Tisri, ce qui conduisit à envisager 6 sortes ‑d'années: les années communes, qui pouvaient être défectives (353 jours), régulières (354 jours), abondantes (355 jours) et les années embolismiques de 13 mois qui pouvaient être de même défectives (383 jours), régulières (384 jours), ou abondantes (385 jours).

Ces deux calendriers, empiriques, reposaient sur l'observation du ciel et la connaissance des phénomènes astronomiques; ils rendaient difficile l'établissement d'une chronologie et l'établissement de prévisions pour un calendrier établi.

Le calendrier égyptien

Il fut établi dix mille ans avant notre ère ; il comportait au début 12 mois de 30 jours, et donc une année de 360 jours. Vers - 4200, il passa à 365 jours par addition de 5 jours épagomènes après le 12e mois. Ce calendrier de 365 jours est connu sous le nom de calendrier vague; il subit un décalage d'un jour tous les 4 ans et annonce en avance les fêtes par rapport à leurs places réelles, par exemple les moissons ou la crue du Nil... Ce décalage fut perçu très tôt à cause de la coïncidence du lever héliaque de l'étoile Sirius, que les Égyptiens appelaient Sothis, avec le début de la crue du Nil, ce qui avait été fixé comme début de l'année par les prêtres.

Tout rentra dans l'ordre, 1461 ans plus tard, en l'an -2775 par la coïncidence retrouvée. Cette période est connue sous le nom de première période sothiaque ; la deuxième se termina en l'an - 1317 1 et la fin de la troisième fut encore fêtée en 139 de notre ère.

En l'an -237, Ptolémée III Evergète essaya de corriger le défaut de ce calendrier en ajoutant un sixième jour épagomène tous les 4 ans, mais cette réforme resta limitée aux actes officiels.

Le calendrier copte

Ce calendrier est de type solaire. L´année se compose de douze mois de 30 jours, suivis, trois années de suite, de 5 jours complémentaires dits épagomènes et la 4ème année de 6 jours épagomènes. La durée moyenne de l´année (365,25 jours) est donc la même que dans le calendrier julien.
Ce calendrier définit l´ère de Dioclétien dont l´origine (1 Tout de l´an 1) correspond au 29 août 284 julien. Les années de 366 jours correspondent à celles dont le millésime plus 1 est multiple de 4. L´année copte commence le 29 ou le 30 août julien.
Il est encore utilisé de nos jours en Égypte.

Mois de l´année copte:

1 Tout
2 Bâbah
3 Hâtour
4 Keihak
5 Toubah
6 Amchîr
7 Barmahât
8 Barmoudah
9 Bachnas
10 Bou'nah
11 Abib
12 Masarî

Le calendrier indien

Le calendrier national actuellement en usage en Inde est celui défini par le Comité de réforme du Calendrier (Calendar Reform Committee). Il est officiellement appliqué depuis le 22 mars 1957 (1 Chaitra 1879 de l´ère Saka). La numérotation des années se fait dans l´ère Saka.
Les mois du calendrier indien comptent 30 ou 31 jours. Ils sont donnés ci-après:

 

Mois du calendrier indien
Nombre de jours
Date grégorienne
du premier du mois
Chaitra (30 ou 31(*) jours) 22 ou 21(*) mars
Vaisakha (31 jours) 21 avril
Jyaistha (31 jours) 22 mai
Asadha (31 jours) 22 juin
Sravana (31 jours) 23 juillet
Bhadra (31 jours) 23 août
Asvina (30 jours) 23 septembre
Kartika (30 jours) (30 jours) 23 octobre
Agrahayana (30 jours) (30 jours) 22 novembre
Pausa (30 jours) (30 jours) 22 décembre
Magha (30 jours) (30 jours) 21 janvier
Phalguna (30 jours) (30 jours) 20 février

(*): pour les années bissextiles

La règle des années bissextiles est la même que pour le calendrier grégorien.

Le calendrier grec

Avant le VIIIe siècle alternaient des mois « pleins » de 30 jours et « caves » de 29 jours. L'année avait donc 12 mois et 354 jours, ce qui assurait une bonne concordance avec la Lune mais pas avec l'année des saisons.

Marins et paysans se servaient des couchers héliaques de constellations pour se situer par rapport aux saisons; ils utilisaient des parapegmes, sortes d'almanachs, indiquant les concordances. Un mois comportait 3 décades de 9 ou 10 jours et le premier jour du mois s'appelait « néoménis », qui signifie « Nouvelle Lune ». Un premier oracle avait prescrit de régler les solennités sur les phases de la Lune, un second demanda de régler les cérémonies agricoles aux mêmes dates, d'où la nécessité d'harmoniser le calendrier avec l'année des saisons. Après quelques tâtonnements, vers ‑ 600, le calendrier fut basé sur une période de 8 ans, l'octaétéride: un an comportait soit 12 mois, alternativement pleins et caves, soit 13, les 3e, 5e et 8e année de l'octaétéride. Celui‑ci comportait donc 2922 jours, et la durée moyenne de l'année était de 365,25 jours. On avait d'autre part 51 mois pleins et 48 caves, soit un total de 99 mois d'une durée moyenne de 29,51 jours, au lieu de 29,53. Le mois était donc un peu trop court et tendait à annoncer à l'avance les phénomènes lunaires. Sur une octaétéride la différence était voisine de 2 jours (99 X (29,53 ‑ 29,511)); au bout de 7 octaétérides, elle était de 15,8 jours (0,02 X 99 X 7): le calendrier annonçait la Lune pleine quand elle était nouvelle et inversement!

Cela motiva une réforme, basée sur le cycle de Méton, connu vers 400 avant J.C. On avait en effet remarqué que 235 lunaisons valent 6 939,69 jours et que 19 années de 365,25 jours valent 6 939,75 jours: au bout de 19 ans, les phases reviennent donc aux mêmes dates. Cette période comprenait une alternance de mois pleins et caves et d'années différentes, de 357, 355 et 384 jours répartis le plus régulièrement possible.

En 330 avant J.C., un perfectionnement supplémentaire consista à supprimer un jour tous les 4 cycles de Méton, c'est-à-dire tous les 76 ans: 27 759 jours font alors 76 ans et 940 mois; la durée moyenne de l'année est de 365,25 jours et celle du mois de 29,53085. En - 130 enfin, Hipparque remarqua que la durée de l'année était un peu plus courte et proposa de retrancher un jour toutes les 4 périodes de 4 cycles de Méton, c'est-à-dire tous les 304 ans, ce qui donna alors 11 036 jours et 3 760 mois pour 304 ans. Il en résultait une durée moyenne de l'année de 365,2467 jours, au lieu de 365,2422 jours et une durée moyenne du mois de 29,530585 jours, au lieu de 29,53059.

Ces valeurs sont excellentes et rendent compte de l'extraordinaire travail des astronomes grecs, en particulier de l'école d'Alexandrie, et de leur très bonne connaissance des cycles lunaire et solaire. Cependant, les calendriers ainsi élaborés, s'ils atteignaient une quasi perfection du point de vue de la concordance avec la Lune et le Soleil, ne furent pas utilisés par les Grecs à cause de leur trop grande complexité, et le peuple grec s'en tint à l'octaétéride malgré les décalages irréguliers avec la Lune. À partir du IIIe siècle avant J.C., on numérota les années par rapport aux Olympiades, et on put de la sorte faire remonter la chronologie à - 766.

Le calendrier musulman

Le calendrier musulman est purement lunaire: l'année a 12 mois alternativement de 29 et 30 jours, et 354 jours; il y a donc un décalage d'environ Il jours avec l'année des saisons; le 1er de l'an, ler Moharram, tombe chaque année 11 Jours plus tôt et parcourt donc l'année des saisons. Pour avoir un bon accord avec la lunaison, il faut ajouter 11 jours au cours de 30 années musulmanes: (29,530588 ‑ 29,5) X 12 x 30 = 11,01 jours. Sur 30 ans on a donc 11 années « abondantes » de 355 jours, réparties à peu près régulièrement. Les années musulmanes sont comptées à partir de l'Hégire, départ de Mahomet de La Mecque pour Médine, le 16 juillet 622. Ainsi le 24 juillet 1990 était le ler Moharram 1411 de l'Hégire  et l'année 1411 se termine le 29 Dou-AI-Hijja (11 juillet 1991).

Ce calendrier est utilisé à l'heure actuelle dans plusieurs pays arabes, et partout où vivent des musulmans pratiquants qui respectent, en particulier, le jeûne diurne durant tout le mois de Ramadan, jeûne beaucoup plus difficile à suivre les années où Ramadan tombe au printemps ou en été sous nos latitudes, car les jours y sont beaucoup plus longs que les nuits.

On peut remarquer que pour 100 cycles de 30 ans apparaît un décalage d'un jour avec la Lune (11,01 X 100 = 1101 et non 1 100).

 

 

 

 

Le calendrier israélite

Dès que les juifs eurent connaissance du cycle de Méton, ils l'utilisèrent: sur un cycle de 19 ans, il y a 253 lunaisons. On a donc des années communes de 12 mois et des années embolismiques de 13 mois. Ces années peuvent être aussi, et pour les mêmes raisons que dans le calendrier ancien, défectives, régulières ou abondantes.

Ce calendrier est donc un calendrier luni-solaire. Il est utilisé en Israël, et partout où vivent des juifs pratiquants qui respectent les jours de fête: Nouvel An (ler Tisri), Pâque juive, kippour...

Les années ont été comptées à partir d'une date mythique représentant la création du monde, d'après la généalogie de la Bible. Ainsi le ler Tisri 5753 était le 28 septembre 1992; la durée moyenne d'une année est sensiblement la même que pour le calendrier grégorien.

Le calendrier romain primitif

Le calendrier de Numa Pompilius remplaçait lui-même un calendrier plus ancien, de 10 mois et de 304 jours, que l'on devrait à Romulus lui-même, le mythique fondateur de Rome et, pendant longtemps (on en trouve des traces après la réforme grégorienne en 1582), les années furent comptées à partir de la fondation de Rome - on parle d'années AUC, pour Ab Urbe Condita ou Anno Urbis Conditae - située en 753 av. J-C. Ce nouveau calendrier comportait d'abord 354 puis 355 jours auxquels étaient ajoutés des mois de 22 et de 23 jours, que l'on appelle intercalations. Ce calendrier suivait très imparfaitement le rythme solaire et, pour accorder le calendrier et les saisons, l'écart était corrigé par la suppression d'un mois intercalaire de temps en temps. Cette tâche était confiée à des autorités religieuses, les pontifes, qui s'avérèrent incapables de s'en acquitter, par incompétence ou intérêt, et il n'y eu bientôt que peu de rapports entre l'année civile et l'année solaire.

La plupart d'entre eux, par haine ou par faveur, pour que telle magistrature finisse plus tôt ou dure plus longtemps, ou que les adjudicataires publics gagnent ou perdent selon la durée de l'an, intercalant plus ou moins selon leurs souhaits, détériorèrent encore plus ce qu'on leur avait confié pour le corriger - Censorin

Il était temps de réformer le calendrier, ce qu'entreprit Jules César avec l'aide d'un astronome d'Alexandrie, Sosigène.

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Le calendrier julien

Dans ce calendrier, la durée « normale » d'une année est allongée à 365 jours en augmentant la durée des 12 mois et l'intercalation est réduite à un jour tous les 4 ans, ramenant la durée d'un cycle quadriennal à1461 jours (3 années de 365 jours et 1 année de 366 jours). La durée de l'année est ainsi évaluée à 365 jours 1/4, proche de sa durée réelle.
Ces dispositions avaient l'avantage de supprimer l'intervention - et les erreurs - des pontifes. Par analogie avec l'ancien calendrier romain, où des mois entiers étaient ajoutés entre le 23 et le 24 février, le jour supplémentaire était introduit par doublement du « 6e jour avant les calendes de mars », et le jour supplémentaire devient « bis-sextus calendas martias », qui a donné le terme bissextile.

Chronologie julienne

Jules CésarSelon Emile Biémont, dans son ouvrage Rythmes du temps, Edition DeBoeck, l'année 707 de la fondation de Rome fut la dernière année du calendrier de Numa Pompilius et compta 378 jours.
L'année 708 AUC (46 av. J-C) fut une année de 365 jours, comportant les mois du calendrier de Numa Pompilius, auxquels furent ajoutés 2 mois intercalaires de 33 et 34 jours permettant de ramener le début de l'année à une date proche de solstice d'hiver. D'autres auteurs parlent d'une année de 443 ou 445 jours pour l'année 46 av. J-C (appelée pour cette raison « année de confusion »).
L'année suivante fut la première année julienne (années comptant 365 ou 366 jours) et elle commença le 1er janvier 709 AUC (45 av. J-C). Avec le recalage du calendrier sur les saisons, l'équinoxe de printemps se retrouva au 25 mars, ce qui va avoir une certaine importance dans la suite de l'histoire.
Jules César fut assassiné l'année suivante et le septième mois de l'année porta bientôt son nom (d'où est tiré notre mois de juillet).
La règle des années bissextiles fut tout d'abord mal appliquée : on comptait une année bissextile sur trois au lieu d'une tous les quatre ans. En 36 ans, on compta ainsi 12 jours bissextiles au lieu de 9. La méthode correcte fut imposée plus tard par l'empereur Auguste qui décida de renoncer à compter les jours intercalaires pendant les 12 années suivantes pour compenser l'erreur. Pour honorer cet empereur (le premier empereur romain), et pas forcement pour son action sur la justesse du calendrier, on donna son nom au huitième mois de l'année, que nous avons transformé en août.
Nous n'avons pas de certitudes quant à la première année bissextile dans le calendrier julien originel ainsi que sur les dates exactes des corrections apportées par Auguste. Dans ces conditions, bien malin qui pourra reconstituer à coup sûr la chronologie des premières années du calendrier julien.
Quoiqu'il en soit, c'est après cette correction que le calendrier julien prit sa forme définitive, la succession des 12 mois dont nous utilisons encore le nom et dont le nombre de jours n'a plus bougé (à dire vrai, certains mois ont encore été rebaptisés, mais sans succès).



Au moment où César arriva au pouvoir à Rome, le calendrier était dans la confusion la plus complète, les pontifes ayant le droit de décider de la durée de l'année, et en abusant. César fit appel à un astronome d'Alexandrie, Sosigène, qui proposa la réforme suivante: la durée moyenne de l'année serait de 365,25 jours, par la succession de trois années 365 Jours suivies d'une année puis une de 366, avec addition d'un jour en février dit journée bissextile: on redoublait le 6e jour, avant les calendes de mats, ce qui permettait de garder un « nombre pair » de jours au mois de février. L'équinoxe de printemps coïnciderait désormais avec le 25 mars, et l'année débuterait le ler janvier. L'année où cette réforme fut mise en place, qui est l'année 708 de la fondation de Rome, compta 455 jours et fut appelée année de confusion.

En fait, cette année julienne est trop longue de 365,25-365,2422 jours, soient 5,47 minutes, ce que savait déjà Hipparque et que Sosigène ne devait pas ignorer.

En l'an 325, le concile de Nicée voulut fixer la date de Pâques: en principe, d'après l'Évangile, c'est le premier dimanche après la Pâque juive (15 Nisan); mais pour édicter une règle indiscutable, le concile décida que Pâques serait le premier dimanche après le 14e jour de la Lune qui tombe le jour de l'équinoxe ou immédiatement après. Le concile constata que, cette année-là, l'équinoxe tombait le 21 mars au heu du 25 fixé par César, et attribua l'erreur à Sosigène ... ce qui n'empêcha pas le calendrier de continuer à dériver ...

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Le calendrier grégorien

La suite de l'histoire se passe toujours à Rome, avec des acteurs n'appartenant plus à l'Empire romain mais à l'Église chrétienne. C'est en effet dans cette ville que s'installa le premier pape, Pierre, celui-là même qui renia Jésus trois fois avant le chant du coq, et où sont encore installés ses successeurs, et naturellement l'Église chrétienne adopta le calendrier julien.

Pour cette nouvelle Église, il était important de célébrer son événement fondateur, c'est-à-dire la résurrection du Christ, qui était (et est toujours) lié à l'équinoxe de printemps, le 25 mars donc. Mais le calendrier julien souffre d'un manque de précision : la durée de l'année julienne est trop longue d'un peu plus de 11 minutes (365,25 jours au lieu de 365,2422) et au fil du temps, le calendrier finit par retarder de plusieurs jours.
En 325 apr. J-C, au concile de Nicée, dont un des buts était de fixer la date de Pâques, on constata que l'équinoxe de printemps était avancé au 21 mars. L'erreur fut attribuée aux fondateurs du calendrier julien et la règle de calcul de la date de Pâques fut basée sur cette date.

Le temps reprit son cours et naturellement le calendrier recommença à se décaler par rapport aux saisons, jusqu'à accumuler un retard de 10 jours au XVIe siècle, et que le pape Grégoire XIII complète une réforme du bréviaire par une réforme du calendrier.
Ce sont des considérations religieuses qui inspirèrent les nouvelles règles, aussi le calendrier ne fut pas recalé sur la date de l'équinoxe telle qu'elle était située au début du calendrier julien (25 mars), mais sur celle de l'année 325 (21 mars).
Pour cela, 10 jours furent supprimés de l'année 1582, où le 4 octobre fut immédiatement suivi par le 15 octobre. Pour éviter de nouvelles dérives, la sur évaluation de l'année julienne fut corrigée par la suppression de 3 jours tous les 400 ans, en ignorant la règle des années bissextiles les années séculaires, sauf celles qui sont divisibles par 400 (1600 et 2000 sont des années bissextiles, 1700, 1800, 1900 et 2100 ne le sont pas).
Il y a donc 97 années bissextiles par période de 400 ans et la durée moyenne d'une année grégorienne est 365 + 97/100, c'est-à-dire 365,2425 jours. Cette durée est encore sur évaluée, mais à ce niveau de précision, personne n'a cru bon de l'améliorer.

Le décalage entre les calendriers julien et grégorien, qui était de 10 en 1582, s'est accru de 1 jours toutes les années séculaires non bissextiles. Il est de 13 jours depuis le 1er mars 1900 grégorien et jusqu'au 28 février 2100 grégorien.

Au XVIe siècle, le pape Grégoire XIII décida de faire appel à des astronomes pour enrayer cette dérive: il s'agissait de supprimer 3 jours tous les 400 ans. Les années continuèrent à être bissextiles tous les 4 ans (celles dont les deux derniers chiffres forment un nombre divisible par 4) mais les années séculaires, qui étaient toutes bissextiles jusqu'alors, ne le seraient plus désormais que si les deux premiers chiffres forment un nombre divisible par 4. Cela donne une durée moyenne de 365,2425 jours.

Cette réforme fut mise en place de la manière suivante: à Rome, le lendemain du jeudi 4 octobre 1582 fut le vendredi 15 octobre 1582, afin de supprimer les 10 jours d'avance du calendrier au moment de l'équinoxe.

La réforme fut adoptée à des moments différents par les États européens, suivant leurs religions et leurs réticences populaires aux modifications du calendrier en usage : rapidement par les États catholiques, en 1700 par les États protestants, en 1752 par l'Angleterre, en 1923 par les États orthodoxes. En France, le 20 décembre 1582 succéda au 9 décembre; en Angleterre, le 2 septembre 1752 fut suivi du 14 septembre. Le calendrier grégorien a été adopté par le Japon en 1873, la Chine en 1911, l'URSS en 1923 et la Turquie en 1926.

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Le calendrier républicain

Dans le même mouvement que celui qui conduisit à l'adoption du système métrique comme système légal, la Convention chercha à établir un calendrier qui ne serait plus marqué par la religion catholique, mais qui serait déterminé par des phénomènes physiques et donc pourrait être adopté universellement.

L'année débutait le jour de l'équinoxe d'automne pour le méridien de Paris, qui coïncidait avec l'anniversaire du Jour de proclamation de la République, le 22 septembre 1792. Elle comportait 12 mois de 30 jours groupés en 3 décades de 10 jours, suivis soit de 5 jours, soit de 6, les années « sex­tiles », cela étant fixé par décret, d'après les résultats des observations et des calculs.

La semaine, marquée par la Création dans la Bible, était ainsi supprimée au profit de la décade, liée au système décimal, dont les jours se nommaient d'après leur rang dans la décade (Primidi, Duodi, Tridi, ... Décadi). Les mois furent nommés, sur proposition de Fabre d'Églantine, en fonction de la saison: Vendémiaire, Brumaire, Frimaire, en automne, Nivôse, Pluviôse, Ventôse en hiver, Germinal, Floréal, Prairial au printemps et Messidor, Thermidor, Fructidor en été.

L'ère liée à ce calendrier débuta le 22 septembre 1792 appelé a posteriori, 1er Vendémiaire An 1.

Ce calendrier se voulait universel, mais le début de l'année était lié au méridien de Paris, et le nom des mois au climat français... Il ne fut en fait utilisé qu'en France, à partir du 14 Vendémiaire An 11 (5 octobre 1793), et fut aboli par un décret de Napoléon à partir du ler janvier 1806.

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