Le déménagement de la fiancée

Le jour avant le mariage, la fiancée déménageait son trousseau en grande pompe. On allait donc transporter tout le mobilier dans le nouveau lieu de résidence du couple. Ce moment dans le cérémonial nuptial apportait beaucoup de gaieté dans le village. Tous les biens de la jeune fille étaient chargés sur des charrettes à ridelles ("Leiterwagen") tractées par des chevaux. L'ensemble de l'attelage avait été richement décoré de fleurs et de rubans multicolores.

Sur la première charrette on avait chargé le lit nuptial qui était béni autrefois par le curé, et le reste du mobilier de la chambre à coucher. Généralement il appartenait au garçon d'honneur de conduire cette charrette sur laquelle la fiancée et les demoiselles d'honneur avaient pris place.

La deuxième charrette où on avait placé le reste du trousseau était conduite par le deuxième garçon d'honneur. Parmi les objets emportés il en avait deux qui nécessairement devaient y figurer : le berceau et le rouet.

Le fiancé, arborant un magnifique bouquet de fleurs à la boutonnière et montant un cheval, galopait à côté et souvent, avec de grands cris de joie, faisait claquer son fouet. Cela fait inévitablement penser au guerrier ramenant à la maison son butin de guerre. Bien entendu la curiosité avait attiré les villageois aux fenêtres.

Si le convoi devait se rendre dans un autre village, la jeunesse de l'ancien lieu de résidence de la jeune tendait des rubans de soie en travers de la route et n'ouvrait le passage que lorsque le fiancé avait une rançon.

Si celui-ci refusait de payer, on lui dételait, pour le moins, les chevaux. Parfois pour éviter de payer plusieurs rançons successives le convoi empruntait des chemins détournés; arrivé dans le village du fiancé, il était salué par de grands cris de joie et par des coups de feu. Une fois les charrettes déchargées, le jeune couple se rendait à la mairie pour procéder au mariage civil.

Celui-ci avait généralement lieu le jour avant la cérémonie religieuse. Autrefois, dans l'esprit des gens, c'était l'union religieuse et non l'union civile qui était importante On ne pouvait pas concevoir comme aujourd'hui un mariage sans cérémonie religieuse. L'union civile était considérée uniquement comme une simple formalité administrative. Les signatures à la mairie avaient lieu après seize heures car le greffier de mairie n'était autre que l'instituteur. A cette occasion on lui remettait quelques gâteaux ou un beau mouchoir.