Reflexions

sur la généalogie

Y avez-vous pensé ?

REFLEXIONS GENEALOGIQUES DE MADELEINE MOREAU-DENIS RETOUR AU "PAYS"

COMMENT GAGNER PLUS DE QUATORZE MILLE ANS SANS EFFORT

Y avez-vous pensé ?

Chacun de nous a deux parents, quatre grands-parents, huit bisaïeuls, etc...
Une génération comporte deux fois plus de quartiers que celle qui lui succède. La progression est régulière.
A la 10éme génération, un individu né vers 1950 a ainsi 512 ancêtres. Nous sommes en 1700, sous le règne de Louis XIV.
A la 13éme génération, il a 4.096 ancêtres, soit l'équivalent d'une petite ville. Nous sommes en 1600, sous le règne d'Henri IV.
Au 20éme degré, ce sont 524.288 ancêtres que nous trouvons, ceci au temps de la guerre de Cent Ans.
Et au 30éme degré tenons-nous bien, ce sont 536.870.912 ancêtres vivant vers l'an 1100, au temps des croisades, que nous lui trouvons.
Vers l'an 750, à la 36ème génération, à l'époque de Charlemagne, le nombre de nos ancêtres vivant à cette époque serait alors de 34.359.738.368.

Tout ceci est absurde, me direz-vous. La population de notre planète, et plus particulièrement celle de l'Europe, n'a cessé d'augmenter, surtout à partir de l'ère chrétienne. Approchant actuellement 2.500 millions, elle est estimée à quelques 300 millions à la naissance de Jésus-Christ. Au temps de Charlemagne, le monde entier ne possédait pas un nombre d'humains approchant de notre nombre théorique d'ancêtres.
C'est que des mariages entre parents plus ou moins éloignés ont eu lieu et que le même ancêtre revient plusieurs fois, souvent à des générations différentes. Supposons qu'un de nos grands-péres ait épousé sa cousine germaine; nous n'avons alors plus 16 trisaïeuls, mais seulement 14. Nous savons que Charlemagne apparaît cinq cents fois dans l'ascendance de Saint-Louis qui vivait vers 1250, et plus d'un million de fois dans celle du Comte de Paris. Pas étonnant, me direz-vous, les princes et les grands seigneurs se mariaient entre eux, mais nous issus des petites gens depuis la nuée des temps ? Détrompons-nous; de simples paysans descendent de souverains; le roi des Belges, comme l'ex-roi de Roumanie, sont issus de Pierre Murat, modeste cultivateur. Et nous trouvons aussi les cas inverses.
Il y a peu de temps encore, on estimait qu'un Français sur deux descendait de Saint-Louis. D'études plus précises qui se poursuivent actuellement, il résulte en fait que la proportion n'est que de 1/5éme. Peut-être sommes-nous de ceux-la malgré les apparences.

Mais on continue à affirmer que Charlemagne est "le père commun de l'Occident" dont nous descendons tous vraisemblablement.

 

REFLEXIONS GENEALOGIQUES DE MADELEINE MOREAU-DENIS

RETOUR AU "PAYS"

"Déportée" (!) en Provence depuis mon plus jeune âge au gré d'une affectation paternelle, je me suis si bien intégrée à ce pays de rêve (soleil, chaleur et bonhomie) que je l'ai fait mien. Accent adopté, ralliement aux us et coutumes : mes enfants y sont nés, s'y sont mariés. J'y ai bâti ma maison et j'ai même acheté ma place au cimetière ! Bref, je me sentais du "Midi".

Et puis depuis un an à peu près, en recherchant mes origines, l'évocation de ces noms de lieux où sont nés mes ancêtres, a réveillé en moi quelque chose qui sommeillait. Les prénoms succédant aux noms. Les dates s'enchaînent. Les copies d'actes s'accumulent et avec eux grandit mon désir de revoir, de reconnaître.

Et me voila partie sur les routes, à la rencontre du Bas-Berry, berceau de ma famille.

Ah mes amis ! Ce choc aux premiers bocages berrichons ! L'air que je respire exhale une odeur qui me parle. Les visages me sont familiers. Je retrouve la couleur des yeux de mes enfants chez mes interlocuteurs que je dévisage. La façon de s'exprimer, les voix et l'intonation me rappellent mon père et ma mère.

En traversant un village, sur le coup de midi, les senteurs me font souvenir des spécialités culinaires maternelles. En longeant le vignoble, je crois voir les silhouettes de Michel ou d'Hilaire penchés sur leurs ceps, et taillant, et labourant par tous les temps.

Je suis allée voir chaque lieu où mes aïeux ont vécu ; je suis entrée dans les églises ou ils se sont mariés; j'ai erré dans les cimetières où on les a enseveli. Las ! plus de traces matérielles et précises. Mais l'imagination est sans limite, et me servant des points de repère arrachés aux Archives, j'ai revu ces vies de labeur, j'ai foulé leur terre, je suis passée au bord de la rivière où s'est noyé un petit Etienne en 1757.

Pressée par le temps de la prochaine rentrée scolaire, j'ai laissé mon vrai pays sous un ciel radieux de septembre.

Au retour de mes pérégrinations à travers vaux et forêts de toute beauté, par les routes départementales qui côtoient les vignobles, j'ai compris que ma terre c'est la vôtre, chers Aïeux. J'y reviendrai souvent en attendant nos retrouvailles dans un autre monde.

 

COMMENT GAGNER PLUS DE QUATORZE MILLE ANS SANS EFFORT

Je donne ci-dessous aux généalogistes débutants une recette, un tour de main pour faire progresser de cent quarante siècles leurs tableaux de quartiers.

Nous savons, tout d'abord, d'après de nombreux articles aussi sérieux et irréfutables les uns que les autres, que nous descendons tous de Saint Louis et de Charlemagne. Voilà donc mille ans de gagnés.

J'ai noté, dans une "Tribune Libre" d'un de nos derniers Bulletins, que de Charlemagne à Cléopâtre il n'y a qu'un pas, que tout généalogiste un peu averti franchira aisément, avec preuves à l'appui. Encore une progression de mille ans.

Voici ce que je lis dans le livre passionnant de Jacques Lacarrière (Seghers, 1981), "En cheminant avec Hérodote" : L'historien grec nous dit que "depuis le premier roi (d'Egypte) jusqu'à SETHOS, trois cent quarante et une générations de rois se succédèrent, parmi lesquels, en nombre égal, des grands prêtres et des rois. Or, trois cents générations représentent dix mille ans (puisque trois générations font cent ans). Avec les quarante et une dernières, cela fait en tout onze mille trois cent quarante ans... Pendant toute cette immense période, le soleil quitta quatre fois son orbite, se levant deux fois à l'ouest et se couchant deux fois à l'est. L'Egypte n'en ressentit aucun bouleversement ni dans son fleuve ni dans ses cultures ; aucune maladie anormale, aucune mort n'en écoulèrent. Quand Hécatée passa par Thèbes avant moi (Hérodote), il y exposa sa généalogie et prétendit descendre d'un dieu par son seizième ancêtre. Les prêtres de Jupiter (Amon, Zeus) firent avec lui comme ils firent avec moi , qui pourtant ne les ennuyais pas avec ma généalogie ; ils me conduisirent à l'intérieur de leur temple - qui est immense - et me dénombrèrent, en les dénommant une à une, de colossales statues en bois, qui atteignent le chiffre fixé plus haut pour les générations de rois, car chaque prêtre, de son vivant, y fait dresser sa propre statue, et, par ce dénombrement méthodique, les prêtres me montrèrent qu'ils se succédaient, comme les rois, de père en fils, depuis les origines.
Quand Hécatée, donc, leur exposa sa généalogie et se rattacha à un dieu par son seizième ancêtre, les prêtres lui opposèrent leur propre généalogie, le nombre imposant de ces statues, et se refusèrent à admettre qu'un homme put descendre d'un dieu. "Chacun de ces colosses, lui dirent-ils, est un "piromis", lui même fils de "piromis"". Et ainsi, de piromis en piromis, ils remontèrent les trois cent quarante cinq statues sans faire appel à aucun dieu ni à aucun héros. ("Piromis", en grec, signifie "homme de condition"). ... C'est bien avant tous ces rois que les dieux régnèrent sur l'Egypte.
Ils vécurent alors au milieu même des humains, et le pouvoir appartenait toujours à un dieu, le dernier de ces dieux régnants fut Horus, le fils d'Osiris (Horus s'appelle en grec Apollon et Osiris est le nom égyptien de Bacchus), qui régna sur l'Egypte après sa victoire sur le serpent Typhon". Remonter de Cléopâtre, notre ancêtre, (voir plus haut), reine d'Egypte en 69 avant notre ère, à Séthos, qui régnait six cents ans plus tôt, est un jeu d'enfant ; les nombreuses inscriptions des temples et des obélisques tracent facilement ce tableau de quartiers royaux.
Encore un progrès de six cents ans.

A partir de Sethos, c'est l'autoroute, où nous remontons sans effort la lignée des rois d'Egypte, dont le premier régna, d'après Hérodote , il y a 14.000 ans, ou bien, en variante, la lignée des prêtres, aussi ancienne.

Une petite difficulté : XXXII dynasties se sont succédées sur le trône, ou les trônes, des Pharaons, il y a donc au moins 31 solutions de continuité dans la ligne agnatique paternelle, provoquant 31 bouchons sur notre autoroute.

Généalogistes futés, nous trouverons facilement, parmi les lignées des innombrables fils que le harem royal attaché au trône, ne cessait de donner aux Pharaons, un itinéraire bis qui nous permettra de contourner ces bouchons et de reprendre notre marche vers la nuit des Temps.

Je laisse au lecteur le soin de calculer le numéro Sosa-Stradonitz du Super Ancêtre auquel nous serons parvenus, au bout des cent quarante siècles annoncés.