Autrefois
le jour du mariage était choisi suivant des critères
qui étaient d'ordre économique, climatologique, religieux
et surnaturel.
A la campagne
il fallait tout d'abord éviter les périodes où les
travaux de la ferme étaient trop accaparants. Comme
un mariage pouvait durer entre deux et huit jours,
il ne fallait pas le célébrer au moment des semailles
ou de la moisson. Comme cette fête coûtait beaucoup
d'argent puisqu'il fallait inviter et nourrir plusieurs
dizaines de personnes pendant plusieurs jours, il
arrivait qu'on reculât la date du mariage d'un an
ou au moins de plusieurs mois en cas de très mauvaise
récolte. Mais en général les paysans souhaitaient
au plus vite marier leur fille. Il y avait donc deux
périodes propices et qui répondaient à ces préoccupations:
l'hiver et l'automne, à la fin de la moisson.
D'autre
part on ne pouvait pas célébrer un mariage pendant
le temps clos. Lors de cette période qui comprenait
le temps de l'avent et le temps du Carême, les Églises
(protestante ou catholique) refusaient de bénir une
union. Ces deux périodes de l'année étaient considérées
comme un temps de prière, de pénitence et de repentance.
On trouvait donc choquant qu'il y eut des mariages
à ces moments, car ces festivités étaient accompagnées
d'excès de boisson, de nourriture et de langage.
L'Église
catholique romaine et l'Église protestante
de la Confession d'Augsbourg d'Alsace et de Lorraine
ont, jusqu'à nos jours, assez strictement veillé au
maintien de cette règle du temps clos.
L'Église
Réformée d'Alsace et de Lorraine s'en est déjà affranchie.
Mais déjà
à la fin du 18ème siècle où l'emprise des Églises
déclinait, on voit des tentatives de supprimer le
temps clos.
Même si
la règle du temps clos est plus souple de nos jours
(on peut obtenir une dispense), il est quand même
encore très mal vu de se marier dans ces périodes
de l'année.
Enfin le
choix de la date du mariage se faisait aussi en fonction
de croyances superstitieuses. Ainsi on pensait que
le mois de mai était un très mauvais mois pour les
mariages. On prophétisait à ceux qui s'étaient mariés
en mai une union malheureuse, une union où les deux
conjoints se disputeraient continuellement. En effet
le mois de mai est le mois consacré à la Vierge Marie.
On pensait l'offenser en se mariant dans cette période.
La lune
a aussi son importance dans le choix de la date. Il
était conseillé de ne se marier qu'en période de pleine
lune ou en période de lune croissante. Il fallait
à tout prix éviter de se marier en période de lune
décroissante.
Dans la
région de Mulhouse on évitait aussi les trois jours
consécutifs à la nouvelle lune.
Enfin,
d'après un calendrier trouvé dans le Sundgau, il existerait
par année quarante et un jours néfastes pour un mariage.
Il semble que ce calendrier des jours néfastes était
très connu autrefois. Même si on ne peut pas expliquer
le pourquoi de ces jours néfastes, on peut cependant
constater que certains correspondent à des jours anniversaires
d'événements biblique néfastes : destruction de Sodome
et Gomorrhe, naissance de Judas le traître. C'est
du moins ce que certaines personnes affirment.
Enfin,
il faut parler des jours de la semaine, car là aussi
tous les jours ne sont pas favorables. Autrefois on
choisissait surtout le mardi et le jeudi. Le lundi,
le mercredi et le vendredi étaient considérés comme
des jours très défavorables pour les mariages et pour
les baptêmes des enfants.
Pourquoi
le mardi serait-il un jour faste ? L'explication la
plus connue se rapporte à un événement biblique. Le
mardi est le troisième jour de la semaine, or Jésus
aurait participé aux noces de Cana le troisième jour
(cf. Jean 11, verset 1 ).
Que le
vendredi soit défavorable, est parfaitement compréhensible.
C'est le jour de la crucifixion du Christ.
Que le
lundi et le mercredi soient très défavorables est
plus difficilement explicable. Il semble que cela
remonte à d'anciennes superstitions d'origine germanique.
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